Batman et Robin : comment le duo a influencé la culture pop moderne ?
On pourra chercher longtemps, dans les œuvres de fiction, pour trouver un duo plus iconique que Batman et Robin. Sherlock Holmes et Watson, peut-être ? Blake et Mortimer pour les plus âgés ? Don Quichotte et Sancho Panza pour les plus érudits ?
En fait, le Chevalier Noir et son compagnon trapéziste occupent une place prépondérante dans l’imaginaire collectif, comme tandem redoutable et intemporel. Leurs personnages respectifs, depuis les années 40, se sont associés et défiés, adaptés à l’évolution sociétale pour continuer de captiver des générations d'admirateurs.
Comment se caractérise leur union complexe et leur capacité unique à durer à travers les âges? Dans cet article, nous vous proposons une plongée dans les films et les pages des comics, pour vous parler des ressorts de cette influence et de son impact aujourd’hui.
L'origine de Batman et Robin dans les comics
Retour aux sources
La source de Batman -vous la connaissez sans doute si vous êtes un lecteur assidu de la Gazette de Gotham- se trouve dans le numéro 27 de Detective Comics, en 1939, sous le crayon de Bob Kane et la plume de Bill Finger (respectivement dessinateur et scénariste). Le personnage sombre et presque bodybuildé de Batman était alors bien solitaire dans sa lutte contre le crime. Il menait tout seul ses enquêtes et arrêtait les criminels avec un arsenal déjà sophistiqué. Mais voilà que moins d’un an plus tard, en 1940, le numéro 38 du magazine fait apparaître un jeune homme, acrobate et orphelin. Ce personnage, dit-on, fut introduit pour contrebalancer l’image dure, voire violente, de Batman, et offrir aux enfants et adolescents un personnage auquel s’identifier. Robin, qui signifie rouge-gorge en anglais, est un athlète accompli qui emprunte à l’oiseau du même nom ses couleurs vives et son caractère intrépide. Cependant, il est loin de s’associer à un animal fétiche, comme le fait son mentor.
A l’image du capitaine Haddock pour Tintin, Robin rejoint l’aventure en cours de route, et devient l’un des premiers sidekicks (compagnons) du genre.
Le rôle de Robin comme sidekick et sa popularité
L’atmosphère sévère et mature du Chevalier Noir se voit donc agitée par l’arrivée du jeune trapéziste aux pantalons verts. Il faut savoir qu’avant lui, non seulement Batman mais l’ensemble des super-héros agissaient presque exclusivement en solo. Avec son enthousiasme, sa curiosité et sa pointe d’extravagance, Robin a attiré un nouveau public vers DC Comics et a rendu populaire le concept d’acolyte des supers-héros. C’est peut-être à cause du Boy Wonder (son surnom) que Green Arrow s’est adjoint Speedy, et que Captain America a utilisé Bucky pour arriver à ses fins.
On constate ainsi les effets du grain de folie du jeune assistant dans la plupart des œuvres où il apparaît. L’une des plus emblématiques se retrouve dans Batman Forever (1995), dans ce dialogue entre Alfred et Bruce Wayne :
Alfred : Je crains fort que Maitre Dick ne soit allé se promener.
Bruce Wayne : Il s’est enfui ?
Alfred : En fait, il a pris la voiture.
Bruce Wayne : Il a pris la Jaguar ?
Alfred : Pas la Jaguar, il a pris l’autre voiture.
Bruce Wayne : La Bentley ?
Alfred : Non Monsieur, il a pris l’AUTRE voiture.
On retrouve là une sorte de métaphore père-fils, en apprenant que le jeune impertinent s’est assis au volant de la Batmobile et qu’il le regrettera quelques heures plus tard.
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L'influence du duo à la télévision et au cinéma
La série Batman de la décennie 1960
L'une des incarnations les plus mémorables du duo formé par Batman et Robin dans la culture populaire est sans doute la série télévisée "Batman" des années 1960 (diffusée de 1966 à 1968). Avec Adam West dans le costume de l’homme chauve-souris, et Burt Ward dans celui du rouge-gorge, cette série a marqué une rupture et un nouveau jour. En effet, la Gotham City sinistre des précédents opus s'est égayée aux couleurs de l'adolescent, sous un style « pop art » aujourd'hui un peu désuet, mais qui fait référence. On se souvient notamment des onomatopées dessinées qui apparaissaient à l’écran : POW!, BAM!, WHAM!, venant rythmer l’histoire et les combats acharnés de nos deux héros en cape. Aussi, les gadgets excentriques (c’était l’époque) et les scènes de combat aux chorégraphies spectaculaires marquaient la culture de l’époque.
On sait que cette version du duo a permis d’élargir de beaucoup la base des passionnés de l’univers de Batman. Elle a aussi amené des éléments aujourd’hui incontournables de ses aventures, telles que la Batcave, la Batmobile, et toute une galerie d’alliés et de super-vilains, allant de Catwoman au Joker. Cette capacité d’adaptation aux époques est sans doute un pilier du succès de Batman : peut-on en dire autant de personnages qui sont un peu plus vieux (Tintin), ou qui sont même plus jeunes (Astérix) ?
Les adaptations cinématographiques et leur évolution
Cependant, pour retrouver Batman accompagné de Robin au cinéma, il faudra attendre « Batman Forever » en 1995 (par Joel Shumacher). Cette version de Robin, tout en restant fidèle au concept de l'orphelin trapéziste, adopte un ton plus mature et plus conflictuel. On y trouve la relation mentor-élève teintée d’une approche père-fils, telle que mentionnée plus haut. Il est tout de même juste de souligner que ce long-métrage a globalement déçu la critique malgré son succès au box-office. « Bruyant, excessivement chargé et souvent ennuyeux », diront la plupart.
Mais la dégringolade du duo sur grand écran ne s’arrête pas là. Deux ans plus tard, en 1997, "Batman & Robin" reçoit une trombe de critiques négatives, malgré, encore une fois, une rentabilité financière. Basé sur le second degré et teinté d’action comique, cet échec critique pourrait montrer que l’on ne s’éloigne pas si facilement du côté sinistre originel de la Ville du crime… Au point que, quelques années plus tard, le réalisateur Joel Schumacher présentera ses excuses, actant qu’il n’a pas réussi à désancrer l’homme chauve-souris de son caractère solennel. Son nanar, qui mettait en scène nulle autre que Georges Clooney, est ainsi considéré comme l’un des plus mauvais films de l’ère moderne.
En fait, a-t-on vu un seul film au cinéma de Batman et Robin, qui ait été acclamé par la critique ? Sans doute pas, mais c’est bien la preuve que le tandem n’a pas à triompher sur grand écran pour atteindre le rang de légende dans le cœur des fans…
Batman et Robin dans la culture pop moderne
La représentation du duo dans les comics contemporains
Aux sources de la passion envers les super-héros, on trouve évidemment les bandes dessinées. C’est là qu’est né l’univers de Gotham City et c’est là que s’exploite le mieux la relation complexe entre nos deux héros. Après un départ pittoresque, sous les traits d’un jeune homme enthousiaste, Robin a été redéfini sous l’influence de Frank Miller avec « The Dark Knight Returns », dans les années 1980. Cette décennie n’a pas porté chance au célèbre acolyte, car elle a vu également la mort de Jason Todd (le deuxième Robin), dans le bien nommé « A Death in the Family » en 1988. Il va sans dire que c’est tout l’univers de la chauve-souris qui s’est trouvé assombri par cet événement. Même si les émotions de Batman ont été ainsi plus mises en avant, le personnage est resté grave et officiel, silencieusement affecté par la perte de son ami.
Il serait injuste de prétendre que Robin serait interchangeable, mais Batman a pu recruter de nouveaux Robin par la suite. Tim Drake et Damian Wayne en sont des exemples marquants. Le premier est régulièrement présenté comme intellectuel et déductif, tandis que le second n’est autre que le fils biologique du Chevalier Noir. Le « rouge-gorge » trouve ainsi sa place sous des traits différents et qui ont laissé aux scénaristes la liberté d’explorer des dynamiques dans les relations de Batman. L’univers de DC Comics a en effet cette richesse de proposer des rapports humains ambivalents et profonds entre le protagoniste principal et ses alliés et ennemis. Catwoman, par exemple, représente un autre personnage aux multiples facettes, tantôt amante, partenaire ou ennemie de Batman.
L'influence sur d'autres œuvres de fiction
Comme dit plus haut, il n’y a pas plus proverbial (ou presque) que Batman et Robin dans l’imaginaire collectif, si l’on parle des duos. Et pour cause, la dynamique maître-apprenti ou mentor-protégé, introduite par DC Comics, et devenue récurrente dans toute une série d’œuvres. Peut-on dire que Tony Stark, prenant sous son aile l’orphelin Peter Parker (Spider-Man) dans « Spider-Man : Homecoming », le doit à l’influence du Protecteur de Gotham et du jeune acrobate ? Et que dire de Oliver Queen et Roy Harper, dans « Arrow », le premier enseignant au second le maniement des armes et la responsabilité d'un justicier ?
La gravité du mentor s’associe de la sorte avec la fraicheur d’un novice, qui donne un coup de jeune à l’histoire, et permet à de nombreux enfants et adolescents de mieux s’identifier.
Un impact durable sur le merchandising et la mode
Le merchandising autour du tandem
Le succès de Batman et Robin ne se limite pas à leurs aventures sur papier ou à l'écran. Depuis plus de 60 ans, le duo est l'un des piliers du merchandising autour des super-héros et des films d'action. Des jouets aux vêtements, en passant par les jeux vidéo et les accessoires décoratifs, la marque Batman et Robin continue d'être une mine d'or pour les industries.
Les figurines d'action de Batman et Robin, comme celles produites par les marques Kenner et Mattel, sont devenues des objets recherchés par les collectionneurs. Par ailleurs, les jeux vidéo basés sur l'univers de Batman, tels que la série "Arkham", ont également contribué à maintenir le duo dans le radar de la culture pop.
L'impact sur la mode et la culture des fans
L'influence de Batman et Robin va même au-delà du merchandising, pour toucher la mode et la culture des fans. Qui a déjà participé à des conventions de comics (ou juste vu des adeptes s’y rendre, déguisés dans le métro) a déjà vu des costumes de Batman et Robin. Alors que le Bat-Suit s’adapte aux tendances de la mode et des avancées technologiques (Batman est un homme de gadgets), le costume du Boy Wonder a lui aussi connu des révisions, bien qu’il conserve ses traditionnelles couleurs rouges et vert.
Les tee-shirts, casquettes, sacs à dos reprenant le duo, sont aussi devenus des articles à la mode, une mode qui perdure à travers le temps : saviez-vous que Spirou et Fantasio ont le même âge que Batman et Robin? Et pourtant, on n’imaginerait pas des t-shirts Spirou et Fantasio sur des enfants (à moins qu’ils n’aient pas eux-mêmes choisi de les porter). Plus qu’une déclaration de style, c’est donc la marque de l’appartenance à une communauté qui n’a pas son égale.
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